Je plonge petit à petit c’est le jour 2 de ma résidence. A travers les mots je sors de ce monde qui ne tourne plus rond pour retourner dans celui de l’histoire qui s’écrit qui ne tourne pas rond lui non plus. Je lève la tête du clavier je reprends ma respiration et dans le ciel je remarque aucune trace d’avion je remarque son immensité au ciel je remarque un bleu pur ininterrompu. Le ciel offre enfin. Le vide. Et ce qui fait peur aussi. Il n’y a plus aucune ligne à suivre il s’agit de se jeter de tout son corps et de toute son âme la page est le ciel trégorois vierge. Je plonge comme pour la première fois je vois le monde plus grand et comme un coup de surligneur les pâquerettes printanières à mes pieds sont mes camarades le bruit du vent est mon camarade le bitume que je foule comme un miracle est mon camarade les quelques vies sur ma route sont mes camarades les rêves plus grands les habitudes plus marquées les tablettes de chocolat les écrans les livres les prises de conscience du monde abîmé sont mes camarades les voix familières et les mots chaleureux sont mes camarades. Le confinement souligne plus fort encore chaque aspect de ma résidence d’écriture. Quelques kilomètres me séparent du Goëlo. Il s’agit par les mots de garder le lien au monde et de considérer sans siller les distances et les proximités.
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