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Comme une envie !


Le 1er mai, fête des droits des travailleurs et travailleuses, est un événement célébré dans le monde entier depuis 130 ans. Vendredi dernier, à Pontrieux, Pommerit-le-Vicomte, ainsi qu’à Saint-Clet, une vingtaine de citoyens, responsables et concernés, ont décidé de faire vivre cette tradition du combat social, tout en respectant scrupuleusement les règles sanitaires et administratives mises en place depuis le début du confinement (distanciation sociale, attestation dérogatoire…). Certains parmi eux ont pris l’initiative d’aller faire leurs courses de première nécessité, d’autres de se balader à vélo, tout en affichant pancartes et slogans par lesquels ils souhaitaient interpeller, amuser, faire réfléchir quant à la crise actuelle (ses causes, sa gestion par le gouvernement, ses conséquences) ou plus simplement faire part, dans le contexte de restriction des libertés individuelles que connaît actuellement notre pays, de leurs colères, interrogations, désirs pour l’avenir et la sortie de crise, le monde d’après.

Florilège : « Protection mais pas privation », « 1er mai solidaire et déterminé pour le monde d’après », « Des tests pour tous », « Vous ne confinerez jamais notre colère », « Masquée, pas bâillonnée », « Libérons la France du Macronavirus », « Société de consommation = petit Covids en expansion », « 1er mai : colère confinée, explosion assurée », « Mobilisons-nous ou je vous fais des bisous ! », « Humanité fragilisée et bafouée », « Cultiver notre jardin », « Confiné-es mais pas muselé-es : luttons pour un autre monde », « Nos vies valent plus que leurs profits » , « Covid 19 : vite ! un vaccin contre le capitalisme ! »… Certains participants ont rappelé les grands principes de la déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789, d’autres arboraient un joli nez rouge de clown sur leur masque chirurgical, et l’on a vu aussi une très belle attestation de déplacement dérogatoire « pour la solidarité internationale et avec les migrants, contre la régression de nos droits sociaux et démocratiques, pour le partage du travail et des richesses, contre la relégation des plus « fragiles » ; prisonniers, sans papiers, SDF, précaires… Pour un revenu universel et une retraite universelle, contre la logique de destruction massive de notre terre, pour un service public fort, contre la toute puissance des marchés ». Attestation dûment cochée et signée. Et l'on a entendu aussi, repris en choeur, "O bella ciao", le chant des partisans italiens devenu hymne à la résistance.

La démarche a suscité un intérêt bienveillant chez quelques passants croisés ce matin-là, un peu d’indifférence également et quelques réactions franchement hostiles.

Nous, qui avons pris part à cette célébration du 1er mai, l’avons fait aussi pour affirmer notre attachement à la liberté d’expression. Nous comprenons bien à quel point la situation actuelle peut créer de frustration et de colère chez certains de nos concitoyens, mais nous les invitons justement à ne pas se tromper de colère et à diriger leur courroux vers les vrais responsables de cette crise.

Nous invitons également à la plus grande vigilance et mobilisation de chacun quant aux prochains mois et au « retour à la normale » tel qu’il semble se dessiner : c’est-à-dire sacrifier encore davantage les droits des travailleurs, travailleuses, la protection sociale et environnementale, pour relancer l’économie, toujours au profit d’une minorité. Aussi nous doutons qu’il soit souhaitable de retourner à « la normale » puisque c’est précisément cette « normalité », ce système économique néo-libéral et les politiques qu’il génère, qui sont responsables de la crise du Covid et des nombreux autres périls qui nous menacent : réchauffement climatique, explosion des inégalités au sein de la société française, entre pays riches et pays pauvres, chute de la biodiversité... Si nous ne changeons pas de modèle, nous subirons bientôt d’autres catastrophes, plus graves, plus meurtrières. En cette période douloureuse, ces perspectives n’ont malheureusement plus rien ni d’abstrait ni de fantasmatique.

Les enjeux et défis semblent énormes : il va falloir faire preuve d’imagination et de courage, de beaucoup de solidarité et d’autonomie intellectuelle entre autres (par rapport aux médias dominants, par exemple) parce que nous ne pourrons raisonnablement pas compter sur nos élus, en tous cas pas la majorité actuelle à l’assemblée nationale qui vote les lois et décide de notre avenir.

Mais à bien y réfléchir, le confinement, le blocage momentané de l’économie et la récession qui va s’ensuivre, constituent une opportunité unique de changer de direction : déjà, nous consommons moins, nous nous déplaçons moins (et plus en avion !), nous mutualisons, nous sommes plus autonomes (cuisiner, faire son potager). Nous nous sommes recentrés sur des valeurs, des repères davantage essentiels, proches : la famille, la maison, le jardin (pour ceux qui ont la chance d’en avoir un).

Déconfinement ou pas, il faut impérativement poursuivre dans cette voie, individuellement et collectivement.


Les signataires de la tribune : Anne Amor, Runan / Famille Antoine / Y.C., Saint-Clet / Véronique Chadaillac, Pleudaniel / François Dourlens, Saint-Clet / France Ferat, Plouëc-du-Trieux / Philippe Ferat, Plouëc-du-Trieux / Virginie Ferragu, Ploëzal / Julie Grossetête, Quemper-Guézennec / Yann Illien, Quemper-Guézennec / Antoine Jouanno, Quemper-Guézennec / Julien Lannou, Saint-Clet / Pauline Le Péculier, Quemper-Guézennec / Amélie Leroy, Saint-Clet / Claire Lhostis, Saint-Clet / Marion Maignan, Saint-Clet / Soaz Toscer, Pommerit-Jaudy.




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