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Jour 8 de résidence - Lundi 30 mars 2020 – Début de deuxième semaine de résidence / carence

Ce week-end, j’ai laissé de côté mon journal, pourtant je n’ai pas cessé de travailler et surtout, chose incongrue en plein cœur du confinement, j’ai déménagé. J’ai déménagé de quelques kilomètres. J’ai quitté mes deux camarades de 18 et 20 ans. Leurs parents bloqués et confinés à Katmandou ont fini par être rapatriés. Ils sont descendus de la petite Micra noire chacun avec son masque et son sac à dos de voyageur et j’aurais voulu les prendre dans mes bras. C’est comme ça qu’on accueille les gens qu’on aime partis à l’autre bout de la terre. Il me semble que la vague qui s’est abattue sur le monde me transforme. Moi qui aime tant le contact. Les mains sur les épaules. Les étreintes. Les caresses sur la joue. Les baisers. Il me semble que si quelqu’un rompt le mètre qui nous sépare, il partagera avec moi une nouvelle intimité, désormais celle du confinement. Ces derniers quinze jours, c’est avec mes deux jeunes camarades que je l’ai partagée cette intimité. Un espace commun dans lequel les questions ont fini par ne plus se poser. Quand les amis chers reviennent du Népal, quand on s’est souvent dit la fête que ce serait ce retour - une grande veillée bretonne au coin du poêle pour entendre les récits du long voyage - quand les au revoir rapides creusent la distance avec ces corps si familiers et tout à coup si lointains, je ferme les applications, je coupe internet et je me mets à écrire. Il y a toujours eu l’écriture. A 15 ans, au cœur de mes nuits d’insomnie, il y avait toujours un carnet dans le premier tiroir de mon bureau. Il m’attendait et il suffisait de me mettre à écrire pour que les blessures s’estompent. Quand le confinement pousse la résidence d’écriture à son extrême solitude, les mots continuent leur travail. Ils caressent. Mes doigts sur les touches de mon clavier sont des chatouilles. Et j’oublie. J’oublie que ce que nous vivons nous oblige à une vigilance de - presque - tous les instants. Un dimanche de confinement, j’ai donc déménagé et me voilà dans une petite maison, à écrire, mes voisins sont des amis, on va se rapprocher, faire des pauses ensemble et sans rompre ce mètre de distance qui nous sépare, on se donnera de la chaleur, comme on peut.

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